La CNV, kesako?
La Communication dite non violente (CNV) est l'une des méthodes que j'utilise de temps à autres en coaching, en particulier pour la résolution de conflits.
Pour faire court, voici la définition du processus de la Communication non violence, vue par David Servan-Schreiber , dans son livre "Guérir" : "Le premier principe de la CNV est de remplacer tout jugement par une observation objective, afin d'éviter les réactions habituelles de son interlocuteur face à une critique. Le second principe est d'éviter tout jugement sur son interlocuteur pour ne parler que de ce que l'on ressent, l'autre ne pouvant contester cela. L'effort consiste alors à décrire la situation en commençant ses phrases par « je », pour être « dans l'authenticité et l'ouverture ».
Cette définition est bien sûr limitante quant à l'outil. Marshall Rosenberg, l'inventeur de la CNV, en présente une bonne introduction dans son livre "Les mots sont des fenêtres", au titre si poétique.
La méthode fait de plus en plus d'émules en Europe, ce qui est plutôt sympa mais, pour moi, voit ses limites déjà dans son nom (il fait souvent réagir négativement) et dans la lourdeur de la mise en oeuvre des dialogues qu'elle ouvre. Pour exemple, la méthode est présentée par le quotidien La Libre Belgique de la façon suivante :
« Ne dites plus : « Tu ne m'écoutes jamais ! », dites : « Lorsque je parle, pourrais-tu avoir l'élan d'attendre que j'aie fini avant de prendre la parole à ton tour pour répondre ainsi à mon besoin d'expression ? ». Ils exagèrent un peu nos amis belges, mais, il faut bien dire, il y a de ça!
Mais au fait, d'où vient la CNV?
La CNV, et c'est rarement évoqué, doit, disons le, presque tout à Thomas Gordon, lui-même très influencé par les travaux d'Abraham Maslow et de Carl Rogers, tous deux étant des acteurs majeurs des avancées en psychologie appliquée.
Personnellement, je suis plus sensible à l'approche de Thomas Gordon, car elle met l'accent principalement sur la finalité (un dialogue fluide, respectueux, confiant et empathique entre les gens) et non sur le processus lui-même, c'est à dire la technique, comme c'est l'usage en CNV. En coaching, la technique, je l'apprends, je l'intègre, mais je ne la rend pas visible lors de mes échanges avec mes clients.
Thomas Gordon a mis au point sa méthode dans les années 50, il a été proposé 3 fois au Nobel de la Paix.
La méthode est basée sur le postulat suivant : la « satisfaction mutuelle des besoins ». Si j’ai un problème que je ne peux pas exprimer, de mon propre fait ou parce que l'autre ne m'écoute pas, ou si l’autre à un problème non-exprimé, ou que je ne l’écoute pas, alors il nous sera impossible d'avoir une vraie communication.
La démarche proposée est la suivante :
- Poser clairement, les besoins mutuels. (qu'ils soient d’ordre factuel ou émotionnel).
- Eviter à 100% de recourir dans les échanges à des « messages à risques » qui sont de douze types : ordre, menace, morale, sermon, conseil, critique, flatterie, apaisement, analyse, jugement, question et ironie.
- C'est ainsi que dans le respect de soi et dans le respect de l'autre, on sera amené à trouver des solutions à la satisfaction des deux.
Thomas Gordon est aussi l'inventeur d'un point de vue qui fait florès dans les entreprises (euh, pas assez en fait) : la relation gagnant/gagnant, le fameux win/win. Le win/win, dans les échanges avec autrui, c'est mon gri-gri, mon chouchou, ma ligne, cochon qui s'en dédit! Le win/win n'est pas un point de vue, c'est à la fois un état d'esprit et une perspective confiante.
.LE MESSAGE DE THOMAS GORDON
Pour mes relations avec les autres
"Toi et moi vivons une relation que j'apprécie et que je veux sauvegarder.
Cependant, chacun de nous demeure une personne distincte ayant ses besoins propres et le droit de les satisfaire.
Lorsque tu éprouveras des problèmes à satisfaire tes besoins, j'essaierai de t'écouter, de t'accepter véritablement, de façon à te faciliter la découverte de tes propres solutions plutôt que de te donner les miennes. Je respecterai aussi ton droit de choisir tes propres croyances et de développer tes propres valeurs, si différentes soient-elles des miennes.
Quand ton comportement m'empêchera de satisfaire mes besoins, je te dirai ouvertement et franchement comment ton comportement m'affecte, car j'ai confiance dans le fait que tu respectes suffisamment mes besoins et mes sentiments pour essayer de changer ce comportement qui m'est inacceptable. Aussi, lorsque mon comportement te sera inacceptable je t'encourage à me le dire ouvertement et franchement pour que je puisse essayer de le changer.
Quand aucun de nous ne pourra changer son comportement pour satisfaire les besoins de l'autre, reconnaissons que nous avons un conflit ; engageons-nous à le résoudre sans recourir au pouvoir ou à l'autorité pour gagner aux dépens de l'autre qui perdrait. Je respecte tes besoins et je dois aussi respecter les miens. Efforçons-nous de toujours trouver à nos inévitables conflits des solutions acceptables pour chacun de nous. Ainsi tes besoins seront satisfaits, et les miens aussi . Personne ne perdra, nous y gagnerons tous les deux.
De cette façon, en satisfaisant tes besoins tu pourras t'épanouir en tant que personne et moi de même. Nous créerons ainsi une relation où chacun pourra devenir ce qu'il est capable d'être. Et nous pourrons poursuivre notre relation dans le respect et l'amour mutuels et dans la paix."
Thomas Gordon
Si vous désirez en savoir plus sur Thomas Gordon, Marschal Rosenberg, Abraham Maslow et Carl Rogers, urgence Wikipédia.
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