Quand le client d'un coach se sent dans une impasse ou sous le coup d'une émotion parasite récurrente - par exemple se mettre très souvent en colère -, il y a, comme toujours, plusieurs voies d'entrées pour aborder le problème. Dans certains cas, l'une d'entre elles peut consister à aller chercher avec lui son besoin.
C'était le cas l'autre jour avec l'une de mes clientes. On a exploré, on a trouvé, mais après un temps de réflexion, elle m'a dit : "mais tout le monde a ce besoin!". C'était juste. Je lui ai alors donné un exemple simple : "tout le monde a besoin de repos, mais ce besoin de repos devient prioritaire quand on est très, très fatigué". C'est vrai que nous, humains, nous avons grosso modo tous les mêmes besoins fondamentaux, mais qu'à certains moments de notre vie, certains priment sur d'autres. La hiérarchie des besoins, c'est ça.
Parler de besoins n'est pas une fin en soi, ce qui compte c'est le recul qu'on peut prendre dans une situation donnée en abordant le problème ainsi. Définir son besoin signifie non seulement en prendre conscience, donc écouter le message qu'il nous envoie à nous mêmes et surtout, à partir de cela, amorçer une réflexion sur le comment je peux satisfaire mon besoin.
Dans nos cultures, le premier à parler de la hiérarchie des besoins humains fut Epicure, un philosophe grec né au IVème siècle avant Jésus Christ. Il les classait en quatre catégories croissantes. J'aime rappeler l'apport de la philosophie à la réflexion sur l'humain, car la psychologie a une fâcheuse tendance à occuper le terrain en faisant table rase du passé.
Dans les années 1940, Abraham Maslow a mis au point un modèle simple de hiérarchie des besoins qui a séduit d'emblée et qui est toujours très coté en bourse. Ce modèle est connu sous le nom de pyramide de Maslow . En gros, ça donne ça :
Le problème est que ce modèle n'est pas très pertinent, même s'il a le mérite premier d'établir une hiérarchie. Pour Maslow, la base de la pyramide constitue tout ce qui est de l'ordre de la survie. Et déjà là, ça coince.
L'une des découvertes les plus importantes dans les années 50 en psychologie fut ce qu'on appelle l'hospitalisme. Vous voulez que je vous raconte? Ok, on y va. On s'est rendu compte que dans des orphelinats, les nourrissons mourraient ou, plus exactement, se laissaient mourir. Ils avaient un toit, un lit, on les changeaient, on les nourrissaient. Alors quoi? Selon la théorie de Maslow, ils avaient tout pour que leur survie soit assurée. Mais, l'histoire de l'orphelinat le montre, leur survie dépendait aussi d'un autre facteur : la relation. Ces bébés, on ne leur parlaient pas, ils n'avaient ni tendresse, ni câlin. Depuis, on sait l'importance cruciale du besoin de relation pour les petits d'hommes. Je ne suis pas sûre, par contre, qu'on ait suffisamment pris conscience que c'est le cas pour les adultes aussi. Et que dire des vieilles personnes qui tombent si souvent en dépression par manque de contact et de chaleur humaine. Même concernant les relations peu investies affectivement, se sentir délaissé, abandonné ou simplement pas pris en compte au sein d'un groupe peut provoquer des souffrances. qui, pour les êtres les plus fragiles peuvent aller jusqu'à la dépression et au suicide.
Mon prochain post abordera ce sujet vu du côté des neurosciences.
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